
L’autre jour, j’ai offert à ma mère deux carnets : l’un d’écriture guidée, Burn After Writing, un best-seller du genre, l’autre vierge, pour accueillir la spontanéité de ses pensées. « Comme ça tu pourras écrire sur ta vie et tes souvenirs ». Ma mère était plutôt contente de l’idée, même s’il y avait un mais : « les mauvais souvenirs, je ne préfère pas les écrire, ça me replongerait trop dedans ». « Oui, mais écrire dessus, tu sais, ça peut aider » ai-je alors répondu.
En y repensant, je constate que j’ai exactement la même réserve : je n’ai pas d’appétence à m’étendre sur mes tourments, ni l’envie d’écrire sur les mauvais souvenirs. Ni les miens… Ni ceux de mes proches : par empathie et afférence, ils me touchent également, bien-sûr pas avec la même intensité, mais les réveiller m’affecte. Et pourtant, nombreux sont ceux qui trouvent là inspiration et matière à réflexion pour noircir la feuille… Pour soigner par les mots les maux, la blessure, le traumatisme, ou tout simplement la vie. J’admire ceux qui trouvent le courage de remuer le souvenir douloureux pour le partager à d’autres… Et j’aime lire ces témoignages, parfois essentiels, pour ce qu’ils m’apprennent du monde et de la nature humaine. Mais pour ma part, j’en suis tout bonnement incapable.
– Tu devrais écrire sur ta vie, tu aurais des choses à raconter.
– Je la vis déjà ma vie, ça me suffit.
Peut-être est-ce ma trop vive sensibilité… Ou peut-être n’est-ce juste pas encore le bon moment pour moi… Si tant est qu’il arrive un jour. Je peux néanmoins écrire sur mes coups du sort quand je suis en plein dedans, quand ils ne sont pas encore des souvenirs mais simplement des réalités avec lesquelles je dois me dépatouiller. Là, de toute évidence et d’expérience, j’y trouve du réconfort… Et cela m’aide d’ailleurs souvent à entrevoir des solutions, des ouvertures, à retrouver l’espoir. Mais une fois l’épreuve derrière moi, une fois que j’en suis sortie, la dernière chose dont j’ai envie, c’est de m’y replonger.
C’est certainement une question de tempérament, de sensibilité justement, de maturité, de temporalité. D’aptitude à trouver la bonne distance : une chose pour laquelle je suis tout sauf douée, au sens figuré comme littéral : j’en veux pour preuve mes estimations « porte à porte » régulièrement, si ce n’est systématiquement, beaucoup trop optimistes : mes acolytes d’escapade pédestre me maudissent d’ailleurs souvent (« t’inquiète, c’est à 10 minutes je te dis »).
Cette réflexion m’amène à me poser la question suivante : qu’est-ce qu’un mauvais souvenir ? Un souvenir douloureux quand on y repense parce qu’il ravive la sensation du moment ? Douloureux parce qu’il nous rappelle l’absence de celle ou de celui qu’il concerne ? Douloureux parce qu’il nous renvoie à nos faiblesses, nos échecs et déconvenues, à ce que nous aurions pu faire différemment ou pas du tout ? Un mauvais souvenir est-il d’ailleurs voué à le rester ? Parfois, le temps en estompe l’amertume, en change même radicalement le goût… Et parfois non, il reste mauvais de bout en bout. Alors on fait avec, et on essaie, autant que faire se peut, de le tenir à distance (la fameuse)… Sans pour autant l’oublier.
Voilà un vaste sujet, le souvenir… Sa réminiscence, sa remembrance, sa culture, son partage… Proust l’a exploré sur quelques milliers de pages. Pour l’heure et pour ma part, je me contenterai de ces quelques lignes dominicales… Mais nul doute, que j’y reviendrai… À suivre !
Ma semaine en cinq (j’aime bien ce titre, ça annonce le rendez-vous)
Le tatoueur d’Auschwitz
Cette année, nous commémorons les 80 ans de la fin de la seconde guerre mondiale… Et la libération des camps. Ici, le souvenir indicible des atrocités commises se doit d’être rappelé, encore et toujours. Celles et ceux qui ont eu la force d’en témoigné, nous ont livré des leçons essentielles de courage, de résilience, de vie… Le tatoueur d’Auschwitz est un de ces témoignages. Et je constate que le souvenir, il m’aura simplement fallu une phrase pour y revenir.
Prendre soin
Je suis une visiteuse régulière des boîtes à livres mais je ne joue clairement pas le jeu : je ne donne jamais les miens. C’est mal, je sais… Mais c’est ainsi, car j’ai du mal ou plutôt l’inaptitude à me séparer de mes compagnons feuillus. Quoiqu’il en soit, une de mes dernières trouvailles m’a marquée : Prendre soin de François Chevet (et qui porte bien son nom). L’auteur y raconte dans un récit plein d’humanité son expérience de kiné au centre de réadaptation de Coubert. Une institution qui accueille de grands traumatisés, des blessés du système nerveux central… Qui les aide à s’adapter à leur nouvelle réalité, à retrouver le fil de leur vie. Un récit poignant qui met en lumière l’engagement admirable du personnel soignant mais aussi la dégradation de leurs conditions de travail, de l’accompagnement essentiel et du soin prodigué dans ces institutions, au profit de logiques managériales désincarnées et mercantiles qui n’ont rien à y faire.
L’artiste à la ligne
Force est de constater que ma newsletter n’est pas super joyeuse cette semaine. L’objectif n’étant pas de vous laisser déprime-déprime pour commencer la prochaine, je vais tâcher de finir sur quelques notes plus positives. Dans l’émission d’Arte Comment vivre simplement ?, l’artiste Taiyoh Mori se limite dans ses œuvres à ne dessiner qu’une seule ligne... Dans une multitude de combinaisons certes. L’apparente simplicité de l’exercice pousse à l’exigence dans l’exécution et célèbre la beauté du dépouillement. Inspirant.
La Cuvette de Bouillons
C’est un endroit que j’ai découvert parce que j’avais raté mon arrêt de train, étourdie que j’étais à tapoter sur mon ordi mes pérégrinations de la semaine. J’aime bien l’idée des jolies trouvailles qui résultent d’un pas de côté forcé. La Cuvette de Bouillons en est une. C’est une joyeuse cantine strasbourgeoise, qui cultive la douceur et la nostalgie. Soirée FRIENDS, Desesperate Housewifes, Mario Kart… Et stand-up. Un endroit où je reviendrai certainement.




La Cuvette de Bouillons à Strasbourg… Et oui, c’est bien un toboggan géant que l’on voit là !
Ouverture
De nouveau une chanson en boucle. Daho est l’un de mes musiciens français préférés.
Des paroles à l’orchestration, en ouverture, le morceau insuffle espoir, chaleur… Et ouverture, à soi, et au monde.
Porter au fond de soi
L'intuition qui flamboie
L'aventure belle et pure
Celle qui nous révèle
Ma semaine en 9









1 - Journée d'investiture #BornInTheUSA
2, 3, 4, 5 - Journée davosienne #WEF (ça méritera un peu plus qu’une légende, je vous l’accorde #ÀSuivre)
6 - Journée poulet piccata #PetitCouteau
7 - Journée douceur #chocolatée
8 - (Petite) journée strasbourgeoise #impromptue
9 - Journée farniente #Penélope
J’arrive à la fin de ma missive dominicale… Il est temps de vous souhaiter un bon dimanche et de vous dire à la semaine prochaine ! Bacio les amis.